Exploiter les possibilités pour l’hydrogène vert au Canada atlantique
Au cours des dernières années, l’hydrogène vert est devenu une solution prometteuse dans la quête d’une énergie de remplacement durable prospère. Au-delà de la production, ce secteur offre d’importantes possibilités en aval pour le Canada atlantique, et promet de révolutionner les industries et d’ouvrir la voie à un avenir plus vert. On estime que, d’ici 2030, près de 1 500 emplois seront créés dans la région et que les possibilités d’investissement liées à l’hydrogène vert se chiffreront à plus de 35 milliards de dollars.
En tirant parti de ses abondantes ressources naturelles et en adoptant des technologies novatrices, la région a le potentiel de réduire son empreinte carbone, de stimuler la croissance économique et de tirer parti de la création de nouvelles possibilités générationnelles grâce aux nouvelles possibilités d’emploi et au potentiel élevé de transfert des compétences.
Opportunité no 1: Production d’ammoniac
L’une des principales applications en aval de l’hydrogène vert au Canada atlantique est la production d’ammoniac. En tant qu’ingrédient clé des engrais et des procédés industriels, l’ammoniac est traditionnellement produit à l’aide de combustibles fossiles.
Cependant, en utilisant de l’hydrogène vert produit par électrolyse à l’aide d’énergie renouvelable, la production d’ammoniac peut devenir beaucoup plus écologique et aider à décarboniser l’industrie agricole du Canada et de certaines parties du monde. Par conséquent, les projets de production d’ammoniac dans la région sont en forte demande et la plupart devraient être utilisés pour l’exportation vers le marché européen, en tirant parti de l’accord pour renforcer la sécurité énergétique de l’Allemagne au moyen d’hydrogène.
En ce qui concerne les possibilités d’emploi, la production d’ammoniac représente un cheminement de carrière supplémentaire pour les ingénieurs chimistes de la région, surtout ceux qui ont de l’expérience dans l’industrie pétrolière et gazière. Il s’agit également d’une bonne nouvelle pour retenir les diplômés récents, qui peuvent mettre leurs compétences au service de nouvelles perspectives dans leur domaine d’études.
Opportunité no 2: Production d’engrais
Toujours au sujet de l’ammoniac, ce composé chimique de l’azote et de l’hydrogène est l’un des produits chimiques industriels les plus produits au monde, le plus souvent pour être utilisé dans les engrais, ce qui entraîne des émissions importantes à l’échelle mondiale.
Les utilisations de l’ammoniac vont de l’épandage direct sur le sol en tant que nutriment végétal à la conversion en une variété d’engrais d’azote courants. À l’heure actuelle, divers combustibles fossiles, dont le méthane, sont une source d’hydrogène. Cependant, cette source peut être remplacée directement par de l’hydrogène vert pour former de l’ammoniac vert, qui serait complètement exempt d’émissions et entraînerait une réduction de plus de deux tonnes de CO2 par tonne d’ammoniac produite.
Du point de vue de l’emploi, les usines de fabrication d’engrais sont d’importants employeurs et peuvent être exploitées par 25 employés dans une petite installation ou par 2 000 employés dans de grandes exploitations d’engrais. Les petits sites de fabrication n’ont pas nécessairement besoin d’investissements importants, car ils peuvent être établis pour 10 à 100 millions $ et plus. Cependant, de plus grandes usines d’engrais avec des installations adjacentes pourraient coûter plus de 1 milliard $.
Opportunité no 3: Acier vert
Une autre possibilité liée à l’hydrogène est son utilisation pour créer de l’acier vert, qui est plus durable grâce au processus par lequel il est créé. La production d’acier à partir d’hydrogène vert et d’un réseau d’énergie entièrement renouvelable produit 23 fois moins d’émissions par kilogramme d’acier produit que la production d’acier à base de charbon traditionnelle.
Un procédé appelé Direct Reduced Iron (DRI) (fer directement réduit) peut également être utilisé dans la fabrication de l’acier pour réduire son impact environnemental. Il s’agit de réagir directement à l’hydrogène avec le minerai de fer pour produire du fer et de l’eau au lieu du fer et du CO2. Dans ce scénario, un avantage supplémentaire de la fabrication de l’acier par DRI est que la réaction principale fonctionne à une température plus basse et nécessite donc moins d’énergie. On peut également utiliser de la ferraille ou de l’acier recyclé dans le procédé, favorisant ainsi une économie circulaire.
Terre-Neuve-et-Labrador, en particulier, abrite une abondance de minerai de fer de haute pureté qui est activement extrait et utilisé dans le processus de fabrication de l’acier, ce qui rend le Canada atlantique particulièrement propice à la chaîne d’approvisionnement en amont du procédé.
En termes d’avantages économiques, une nouvelle usine sidérurgique peut créer des centaines, voire des milliers de nouveaux emplois. IBISWorld, qui suit l’emploi dans les aciéries en Amérique du Nord, indique qu’en moyenne, une usine sidérurgique emploie entre 200 et 300 personnes, et que les plus grandes d’entre elles comptent entre 1 000 et 2 000 employés.
Par ailleurs, les usines sidérurgiques doivent généralement investir des milliards de dollars dans la construction, et une seule nouvelle usine sidérurgique verte dans le Canada atlantique pourrait entraîner des investissements de 2 à 10 milliards $ dans une collectivité.
Combinée à l’énergie renouvelable et à l’hydrogène vert produits à partir de l’abondance de l’énergie éolienne du Canada atlantique, l’acier du Canada atlantique pourrait être l’un des plus écologiques au monde.
Possibilités de décarbonisation: chauffage, production d’électricité et exploitation portuaire
En plus des possibilités en aval, l’hydrogène vert offre également la possibilité de décarboniser certains secteurs du Canada atlantique, et même du Canada dans son ensemble, car on prévoit une augmentation de la demande future combinée à un désir et à un besoin de réduire les émissions liées aux secteurs.
Par exemple, l’hydrogène vert peut également offrir une solution de rechange propre aux combustibles fossiles pour les utilisations résidentielles, commerciales et industrielles de chauffage. L’Université Dalhousie, située à Halifax, étudie actuellement les ratios de mélange et leur incidence sur les appareils ménagers – une étape importante du processus de réglementation du mélange d’hydrogène et de gaz naturel.
- On utilise également la chaleur dans le processus de production de certaines industries lourdes, comme l’acier mentionné ci-dessus, ainsi que l’aluminium et le papier. À l’heure actuelle, on estime que l’industrie sidérurgique produit environ 7 % des émissions mondiales de carbone, mais elle s’efforce de devenir carboneutre d’ici 2050, alors que la demande mondiale devrait augmenter de plus d’un tiers par rapport aux niveaux actuels. L’utilisation d’hydrogène vert plutôt que de propane ou de gaz naturel pour produire la chaleur nécessaire à la production d’acier élimine les émissions directes de CO2.
- Dans le même ordre d’idées, l’hydrogène vert peut également jouer un rôle essentiel dans l’amélioration de la stabilité et de la fiabilité du réseau électrique du Canada atlantique. L’énergie renouvelable excédentaire produite pendant les périodes de faible demande peut être emmagasinée sous forme d’hydrogène par électrolyse et convertie en électricité pendant les périodes de pointe de la demande au moyen de piles à combustible ou de turbines à gaz. Ce processus, connu sous le nom de « conversion de l’énergie au gaz », aide à équilibrer le réseau et soutient l’intégration de sources d’énergie renouvelables intermittentes, comme l’énergie éolienne et solaire dans la gamme énergétique. L’hydrogène peut également fournir des capacités de gestion de la charge, des capacités quotidiennes et saisonnières de stockage de l’énergie à l’échelle des services publics, en plus d’être un catalyseur pour le secteur des énergies renouvelables variables en croissance.
- Dans la prochaine décennie, la possibilité de promouvoir l’utilisation d’un mélange d’hydrogène à 15 % dans les turbines à gaz naturel existantes pourrait réduire immédiatement les émissions de GES au Canada atlantique de près de 300 000 tonnes par année. La conversion complète de la production d’électricité de ces installations à l’hydrogène pourrait réduire les émissions de GES de 1,9 million de tonnes par année, ce qui est plus que toutes les émissions agricoles au Canada atlantique!
L’hydrogène vert pourrait permettre de décarboniser les activités dans les ports. Son utilisation peut réduire les émissions de gaz à effet de serre des ports de 50 % par année en convertissant du matériel non routier, des véhicules non routiers et des bâtiments administratifs à l’hydrogène.
Le Canada atlantique a une configuration dense de ports à fort volume et à forte croissance. Ils jouent un rôle crucial dans le commerce et la logistique, ce qui en fait des plaques tournantes de l’activité économique. Cependant, les ports de mer utilisent beaucoup d’équipement diesel lourd et subissent des pressions pour réduire leurs émissions afin d’atteindre les objectifs fédéraux et provinciaux en matière de climat. Certains ports, comme le port de Saint John, prévoient recevoir cinq fois plus de marchandises d’ici 2027, et ils augmenteront leur capacité de 800 % au cours des prochaines années. Un protocole d’entente entre l’Administration portuaire de Halifax et l’Administration portuaire de Hambourg a également été signé en 2022 pour décarboniser le corridor de transport entre ces deux ports et faire progresser la collaboration dans les technologies de l’hydrogène renouvelable.
Les piles à hydrogène peuvent également être avantageuses pour les véhicules lourds et les navires, offrant des durées de ravitaillement plus longues et plus rapides que les alternatives batterie-électricité. Les génératrices à pile à hydrogène pourraient également fournir de l’alimentation à quai pour les navires dans le port, et de l’énergie pour les unités de réfrigération de transport mises en place au port. En intégrant l’hydrogène écologique dans les activités portuaires, le Canada atlantique peut réduire sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles importés et démontrer sa détermination envers le développement durable.
Perspectives prometteuses et solides collaborations
Compte tenu des immenses avantages potentiels de l’hydrogène vert sur le plan du développement économique, de la création d’emplois, de l’indépendance énergétique et de la gestion environnementale, il existe une voie incontournable vers un avenir durable dans l’Est du Canada. C’est pourquoi Investir au Canada s’est engagé à travailler avec des entreprises mondiales et à collaborer avec les gouvernements pour relever ces défis et intensifier les initiatives sur l’hydrogène vert au Canada atlantique.
Cet article fait partie de la série d’ Investir au Canada sur l’hydrogène vert. D’autres viendront au cours de l’année dans la section Actualités. Entre-temps, vous trouverez de plus amples renseignements sur le secteur ici.