Chiffres sur les IDE au Canada : 3 Questions, 3 Perspectives

Dans la foulée de la publication des chiffres sur les investissements directs étrangers (IDE) au Canada, Investir au Canada offre une autre perspective sur ce que recèlent réellement ces chiffres. 

Le rapport de Statistique Canada pour le premier trimestre (T1) de 2020 indique que l’entrée d’IDE pour la période est de 13,1 G$ CA. Les résultats au T1 de 2020 font état d’une hausse de 5,4 % par rapport aux résultats de 2019 à la même période, qui se chiffraient à 12,4 G$.  

Si vous n’avez pas encore lu l’article du PDG d’Investir au Canada Ian McKay, dans lequel ce dernier passe en revue le contexte général des résultats actuels en matière d’investissement mondial, vous devriez vous consacrer à cette tâche avant toute chose. 

Ian McKay, président-directeur général, Nathalie Béchamp, chef, Services aux investisseurs et Issie Berish, dirigeant principal de l’information d'Investir au Canada répondront à trois questions relatives aux résultats des IDE pour le T1.

Question no 1 : Quel type d’activité d’investissement direct mondial ces chiffres du T1 représentent-ils? 

Réponse d’Ian G. McKay, président-directeur général, Investir au Canada : 

En nous penchant de façon plus approfondie sur les résultats des IDE pour le premier trimestre de 2020, et en les comparant aux résultats de la même période l’an dernier, on constate que la principale différence réside peut-être dans la catégorie des fusions et acquisitions.

Puisqu’à 26,1 %, cette activité représente la plus petite portion d’investissement d’IDE par type (la catégorie Bénéfices réinvestis occupant la première place avec 46,2 %, tandis que la catégorie Autres flux accapare 27,7 %), les fusions et acquisitions ont crû de 2,9 G$, ou de 22,2 %, comparativement au T1 de l’an dernier.  

On peut attribuer ce gain des fusions et acquisitions aux importantes ententes qui attirent des investissements au Canada et qui sont entrées en vigueur ce trimestre. Il s’agit de trois ententes de plus de 500 millions $ chacune, soit HBC dans le secteur du commerce de détail; Airbus dans le secteur de l’aérospatiale; et Continental Gold dans le secteur de l’exploitation minière.  

Passons maintenant aux pays sources : les États-Unis restent en tête de peloton, avec 39,1 % des flux d’IDE, suivis par Hong Kong (11,4 %), les Pays-Bas (8,2 %), le Luxembourg (6,7 %) et le Royaume-Uni (6 %).  

Lorsque nous observons les changements survenus dans la part des pays sources entre le T1 2019 et le T1 2020, nous constatons que Hong Kong est parvenu à dépasser les États-Unis, avec la variation la plus importante (une augmentation de 10,1 points de pourcentage). La valeur en dollars s'est accrue de façon similaire pour les deux pays, soit autour de 1,3 G$ chacun.

Il y a d’autres dimensions derrière ces résultats du T1 qui valent la peine d’être explorées. Je vais laisser à Nathalie Béchamp, notre chef, Services aux investisseurs, le soin de vous présenter une partie de cette analyse. 

Je conclurai en répétant que même si la modeste hausse des IDE s’est avérée positive au T1, nous sommes toujours dans l’attente des résultats à venir pour mesurer précisément toute la portée de la COVID-19 sur les IDE. Nous ne pouvons que nous attendre à voir une baisse des IDE au T2. Et ce n’est qu’à ce moment que nous pourrons quantifier l’ampleur de cette baisse. Nous procéderons à un suivi attentif de l’activité et des indicateurs. 

Question no 2 : Quel est le niveau d’activité observé ces jours-ci en matière d’investissement direct mondial, dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19? 

Réponse de Nathalie Béchamp, chef, Services aux investisseurs, Investir au Canada : 

Comme l’ont révélé les données du T1 publiées hier – 13,1 G$ en IDE pour la période, ce qui représente une augmentation de 5 % par rapport aux résultats du premier trimestre de l’an dernier – les activités d’investissement direct étranger ne connaissent guère de répit au Canada, même en plein cœur de cette pandémie.

Cette activité témoigne des investissements mondiaux au Canada qui se produisent d’un océan à l’autre, quel que soit le type d’entreprise, et dans divers secteurs.

Dans le cas du T1 2020, les trois principaux secteurs industriels dans lesquels nous voyons des investissements internationaux au Canada sont Gestion des sociétés et des entreprises (28,6 % des flux totaux), Fabrication (28,5 %) et Commerce et transport (24,3 %).

Ces trois secteurs industriels représentent plus de 80 % de l’activité des IDE au T1 2020. Les flux regroupant les secteurs Finance et assurances, Énergie et exploitation minière, et Autres industries constituent la part restante de 18,6 %.

Si on observe plus attentivement les changements depuis le T1 2019, le secteur Fabrication a perdu 36 points de pourcentage de sa part d’entrées d’IDE, pendant que le secteur Gestion des sociétés réalisait un gain substantiel (une augmentation de 27,3  points de pourcentage), néanmoins surpassé par le secteur Commerce et transport, qui enregistrait un gain encore plus important (une augmentation de 30,8 points de pourcentage).

La croissance de la valeur combinée de 7,6 G$ des secteurs Commerce et transport / Gestion des sociétés a largement compensé la perte de 7 G$ des secteurs Fabrication et Autres industries. 

Lorsque nous pensons au T2 et au déclin prévu des IDE à l’échelle mondiale en raison de la COVID-19, nous ne pouvons que nous attendre à subir un sort similaire lorsque cette vague nous atteindra. Nous pourrons alors voir avec plus d’acuité les effets de la pandémie sur les IDE, pour chaque secteur.

Question no 3 : Quel est le processus qui permet d’aboutir à ces résultats relatifs aux IDE alors que nous nous trouvons au beau milieu de la pandémie de COVID-19? 

Réponse d’Issie Berish, dirigeant principal de l’information, Investir au Canada : 

C’est une bonne idée d’aborder cette question sous l’angle du moment où sont publiés ces résultats. Parmi les différents indicateurs économiques faisant l’objet d’un rapport de Statistique Canada, tous les trois mois, l’organisme publie un rapport sur les investissements directs étrangers (IDE), qui relèvent de la balance des paiements internationaux du Canada.

Nous, d’Investir au Canada, voyons cette publication en même temps que tout le monde, soit à 8 h 30 (heure de l’Est) le matin prévu. Pour les résultats du T1 2020, cette date était hier, jeudi 28 mai 2020.

Si l’augmentation marginale de 5,4 % par rapport au premier trimestre de l’an dernier est sans contredit une bonne nouvelle dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19, c’est avec impatience que nous attendrons la prochaine date, soit le 27 août 2020, lorsque Statistique Canada rendra publiques les données d’IDE au T2, qui refléteront la période actuelle d’avril à juin.

Il est évidemment prévu que les résultats du T2 en matière d’IDE connaîtront une baisse importante. Il nous reste toutefois à voir à quel point cette baisse se concrétisera. 

Comme nous l’avons indiqué hier, le Canada n’est pas le seul pays qui constate un déclin des IDE. Par exemple, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) prédit une baisse de 30 à 40 % des IDE à l’échelle mondiale en 2020-2021. De son côté, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) laisse entendre que les flux d’IDE devraient chuter de plus de 30 %. 

À l’approche de la date de publication du rapport sur les IDE du T2 prévue pour la fin août, nous continuerons de suivre attentivement toutes les données.